Le Bèlè ou « bel air » est un genre musical dans lequel un chanteur entretient un dialogue entre les danseurs et le tambouyé - joueur de tambour -. Le chanteur est entouré de repondè – les répondeurs – et du joueur de ti-bwa – musicien frappant avec des baguettes l’ arrière du tambour ou sur un bambou -.
La culture bèlè est issue du monde rural, des gens de la terre qui ont gardé ces chants et ces danses. Les chants, outre leur fonction de rythmer le travail, permettaient de raconter l’ histoire de l’ île, de la communauté, du voisinage, de relater avec ironie les différents entre colons, les déboires d’ un camarade ou du contremaître. Il s’ agit également d’ un art de vivre lié à la notion de partage, de solidarité et à la vie en communauté.
Les Origines
La question de l’ origine du bèlè répond à une vraie problématique, liée au passé tumultueux de
De cette transplantation de la culture noire, de l’ influence européenne et des contraintes du système esclavagiste naît une altération des traditions musicales africaines et leur modification donne naissance à de nouvelles expressions musicales. Le bèlè en est une. Il ne s’ agit pas de l’ addition de cultures, mais d’ un processus transculturel dans lequel il est difficile de déterminer la provenance de chaque élément. La musique bèlè présente des traits musicaux issus de différentes cultures, et transformés pendant des générations. On peut cependant déterminer des influences prédominantes. De l’ Afrique, elle a hérité des rythmes et de l’ indissociabilité des chants et danses. De même, l’ utilisation de la peau du tambour et d’ un idiophone percuté sur sa caisse est une formule très répandue sur le continent africain, particulièrement chez les Bambaras. On la retrouve aussi à Cuba avec la rumba, à Ste Lucie, en Haïti, régions ayant connu aussi un apport important de peuples africains. Au-delà des instruments, les similitudes dans la danse et les rythmes sont frappantes avec la rumba populaire de
Les différents types de Bèlès
On distingue :
Les bèlès de travail ( fouyé tè, rédi bwa, téraj kay, coupé kann, manzonn, et gran son).
Les bèlès de divertissement ( bèlè, gran bèlè, bélia, kalennda, danmyé et ladja ).
Les bèlès pour veillées mortuaires ( bénézuel, kanigwé, karésé yo, ting bang ).
Les danses « la lune klè » ( mabélo, woulé, mango ).
Les Maîtres du Bèlè
Impossible de les citer tous. Les grandes familles du bèlè se trouvent dans la région nord atlantique de l’ île, plus précisément dans la ville de Ste Marie.
Parmi les plus connus encore en activité on peut citer :
Pour la partie chant
Cébarec Félix
Grivalliers Berthé
Grivalliers Raoul dit Ti Raoul
Rangon Siméline
Rastocle Benoit
Pour la partie tambour
Vallade Apollon
Rastocle Paul
Casérus Félix
Dans les années 80, le Bèlè connaît une nouvelle jeunesse avec le chanteur Eugène Mona mort en 1991. Il a permis de sortir une tradition musicale de son enfermement.
Les instruments Le Tibwa Il fait partie de la catégorie des idiophones frappés. En Martinique les idiophones sont rarement joués seuls, la majorité ont une vocation rythmique et servent de soutien et de référent pour les autres expressions. C’ est un instrument constitué de baguettes de bois très résistantes. Le joueur appelé bwatè est accroupi ou assis à l’ arrière du tambour et frappe ses deux baguettes sur le « ventre » du tambour ( technique utilisée pour les répertoires soirées bèlè dans le nord atlantique ). Un tube en bambou peut remplacer le tambour ( technique utilisée dans la région nord caraïbe ). Le bwatè obtient deux hauteurs de sons, l’ une aigu et l’ autre plus grave. Le son aigu est joué par la main droite et l’ autre par la main gauche. Le tambour bèlè La technique de jeu du tambour bèlè est assez complexe et nécessite de la part du tambouyé la synchronisation et l’ indépendance de trois de ses membres : les deux mains et le pied droit dont on utilise exclusivement le talon. La main droite accomplit les rythmes de base propres à chaque répertoire. La main gauche assure un jeu régulier : elle dédouble les rythmes de la main droite, elle joue alors en « éventail ». Le talon du pied droit se porte sur la membrane à la hauteur désirée suivant le timbre que le tambouyé souhaite obtenir ; il joue alors « noté ». Plus il frappe vers l’ intérieur, plus le son est sourd et puissant. A l’ inverse plus il frappe en se rapprochant vers le bord de la membrane, plus le son devient aigu et moins puissant. L’ intervention du talon sur la membrane se fait le plus souvent lorsque le musicien joue dans le registre aigu. | |